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English / Khmer | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
L'Armée de l'Air Khmère Khmer Air Force 1971 L'Armée de l'Air Le 08 Juin 1971, L'Aviation devint une arme totalement indépendante de l'Armée de Terre. Cette dernière ne fixe plus ses besoins en terme de nombre d'appareils mais tout simplement en termes de besoins de transports ou d'appuis aériens. Les nominations ne sont plus soumises à son aval. (voir notes complémentaires) Cette
Armée est devenue un Corps qui compte. Sur le plan de la défense du pays
contre les agressions extérieures mais aussi sur le plan de la défense des institutions. Dans cette période trouble et instable, le Cambodge n'était pas exempt d'intrigues. Quelques mois
après, deux
autres bases furent créées : Kampong Chnang sous le commandement du
LtCol Sok
Sambaur et Kompong Cham sous le commandement du LtCol Mao Kim Soun.
Cette
dernière base servit pour la protection des convois sur le Mékong et fut
prévue
pour lancer les opérations sur Kratié, ville occupée par les
communistes dès le
début du conflit. Avec l'arrivée
des nouveaux T-28, des hélicoptères, des Gunships et des AC-47, la
couverture
aérienne des convois fluviaux du Vietnam jusqu'à Phnom-Penh fut
assurée. Les activités aériennes américaines et Sud-Vietnamiennes dans le ciel Khmer s'intensifiaient considérablement. Un centre de coordination fut nécessaire. Le LtCol Norodom Baley, avec ses connaissances de l'appui aérien acquises en 1963 à Baden Baden Oss (Allemagne), mit sur pied un "Air Operation Control Center" (AOCC) en juin 1971, dans le cadre de l'Etat Major. L'AOCC était le centre de commandement de toutes les opérations aériennes de l'AAK et le centre de coordination des activités air sud-vietnamiennes, américaines et khmer. Ce centre fut juste créé au moment opportun car le 20 Août 1971 débutèrent les opérations Chenla II. Ces opérations
comportaient : héliportages des troupes de l'Armée de Terre;
soutiens tactiques de l'aviation américaine pour la reprise de Barai à Kampong Thmar;
et appuis
aériens des T-28 et C-47 à la 5e Brigade (qui reprit Taing Krasaing fin
Septembre).
Des pilotes de chasse étaient aussi envoyés dans des unités américaines pour les opérations au Cambodge. Ma Kim Oeun fut ainsi une nouvelle fois descendu mais cette fois ce fut avec un coéquipier américain. Tous deux ont pu s’éjecter en parachute. Ils furent récupérés. Ces missions permettaient aussi de préparer les pilotes khmers à recevoir des jets américains dans le futur. A l'époque, aucune date et aucun type d'appareil n’avaient été encore fixé. En Octobre 1971, manquant de pilotes, le chef d'Etat Major obtenait de Taiwan sept instructeurs expérimentés dont six détachés en permanence à la base Ecole de Battambang. Ces instructeurs portaient l'uniforme khmer. Ils permirent de libérer de cette tâche des instructeurs Khmers qui allaient rejoindre le théâtre des d'opérations. Face aux besoins, des relations diplomatiques sont menées auprès des armées de l'air des pays anti-communistes. Toutes les demandes ne sont pas couronnées de succès.... Fin 1971, deux cents sous-officiers spécialisés en appui aérien ont terminé leur formation. Par groupe de trois, ils partaient dans différents unités de l'Armée de Terre afin de coordonner les appuis avec les FAC américains et khmers. 1972 Le 5 Janvier, l'Australie nous offre six C-47. Des
discussions seront
aussi entamées pour que des pilotes Khmers aillent se former ou se
perfectionner en Australie.
1972
Neuvième promotion Le
LtCol Long Trasom,
Commandant
l'escadron d'hélicoptères fut
descendu par un missile Strella SA-7 à Svay Rieng. Une dizaine de T-28
fut aussi descendue par des tirs ennemis. Lors des
opérations, d'autres furent perdus
pour causes de pannes moteur et par manque d'expériences.
Dès 130 heures de vol, les jeunes pilotes sont envoyés sur le front.
'On job training'. Les plus expérimentés les
emmènent en exercices de tirs et de bombardements au cours de vraies
missions de combats. En temps normal, des années de pratiques sont
dispensés aux jeunes pilotes brevetés avant de les envoyer en missions;
mais nous étions en situation d'urgence. Après une phase initiale, les
pilotes suivent un parcours en partie inspiré de la formation dans l'US
Army Air Force pendant la Seconde Guerre. Durant cette Grande Guerre,
dans les centres d'instructions comme par exemple celui de Harding à Baton Rouge en
Louisiane, il y a eu des classes où un pilote sur huit périt avant même
la fin des cours. C'est le coût de telles formations accélérées.
1973 Bombardement du palais présidentiel Les mécaniciens
formés à Battambang et à Pochentong sont maintenant opérationnels. Dans
l'ensemble des domaines, alors que l'AAK parvint à améliorer son
niveau
opérationnel et semblait avoir trouvé un régime de croisière, le 17
Mars 1973, un évènement
désastreux survint. Le BrG
So Satto remis sa démission. Il sera par la suite affecté à Washington
comme Attaché à la Défense et des Armées. Le Colonel Penn Randa fut nommé Brigadier Général et le remplaça.
L'escadron AU-24
1973 Attaque de la base de Kampong Cham La fin de mai vit une offensive des communistes et des Vietcong sur la ville et la base aérienne de Kampong Cham. Cette dernière est une de leur cibles majeures car c'est le principal et parfois, le seul point de ravitaillement pour la région. Plus de 50 soldats de l'AAK furent blessés par le pilonnage et les mortiers. Les appareils qui y sont stationnés sont repliés sur Pochentong; de là, ils revenaient avec les hélicoptères en appui feu, pour approvisionner le 2e régiment de fusiliers de l'Air qui défendait la base. Les fusiliers, encerclés pendant dix jours et sous les feux nourris, ont repoussé les assaillants. Plus de 25 Vietcongs sont morts sur les postes même de défense, dans leur tentative d'assaut de la base, causant 15 morts parmi les fusiliers de l'Air. Ces derniers, dans la contre offensive, ont été jusqu'à reprendre une usine textile utilisée par les Vietcongs comme poste de commandement. Ils ont aussi ré-ouvert la route vers la ville de Kampong Cham. Le commandant de la base, le Col Meas Maroth fut le premier officier de l'AAK qui reçut la médaille Sena Cheyseth. La plus haute distinction militaire.
1973 Dixième promotion 1973 Nouveau bombardement du palais présidentiel ! Le 19 Nov, le Lt Pech Lim Kuan bombarda à nouveau le Palais Présidentiel ! Il rejoindra lui aussi la zone Khmer Rouge. Le BrG Penn Randa a remis sa démission. Le BrG Ea Chong reprenait le commandement avec le BrG Pao Lim Sina comme second. Le cabinet de la Présidence exige désormais que chaque formation en mission soit conduite par un leader considéré comme "loyal". Il a l'autorisation de descendre ses ailiers en cas de comportement douteux. Malgré ce climat de méfiance, l'AAK continua les appuis aériens.
1974 Pendant
les premiers mois de 1974, l'AAK effectuait jusqu'à 130 missions
jour. Il y a une nette amélioration dans la précision des
appuis feux des jeunes pilotes de T-28. A Kratié par exemple, en une
seule sortie et guidés
par un FAC O1-D, ils ont détruits plus d'une centaine de camions. Après
quelques années intensives de missions, plusieurs jeunes pilotes
étaient même parvenus à passer le brevêt d'instructeurs. Les
pilotes C-123 deviennent aussi des experts du largage.
Malheureusement, l'AAK devait diminuer les sorties au détriment des
troupes au sol. Les États-Unis décidèrent en effet de limiter les crédits sur les
munitions utilisées quotidiennement.
1974 Onzième promotion ...
Les avions de l’AAK en 1974 (According to A.Grandolini)
D'après
le MEDTC, au 31 mars 1975, le nombre d'appareils livré par les
États-Unis était de 309. Ce chiffre n'inclut pas les appareils livrés
avant 1970. Une centaine furent perdus. Par période, beaucoup d'avions
étaient stationnés en Thaïlande pour l'instruction avancée des pilotes
dans les bases de l'USAF. Au cours de la guerre, il y eut aussi des
appareils prêtés ou laissés à disposition par les États-Unis en
Thailande pour l'AAK. Ce stock permet de remplacer rapidement les
appareils perdus et de maintenir les escadrons au complet même pendant
les révisions. Parmi les vingt C-123 livrés, plusieurs furent
transformés en bombardier ! Les "B-123".
Les KR avançaient de plus en plus vers Phnom Penh et à plusieurs reprises se sont rapprochés de la base aérienne. Leurs canonnages s'intensifient sur Pochentong. Les missions sont dangereuses mais les retours sont parfois plus dangereux encore. A l'atterrissage, les avions sont particulièrement visés. Certains pilotes comme le Lt Ros Saourn furent ainsi mortellement touchés par des tirs de mortiers sur son T-28.
Il
a aussi fallut couvrir les décollages et les atterrissages
des avions de transports. Jusqu'à la fin, les C-123
et les derniers C-47 continueront les missions de ravitaillement en décollant entre
deux pilonnages. Malgré des combats acharnés, les garnisons autour de Phnom-Penh sont forcés d’abandonner leur position les unes après les autres. Reportages télé de l'INA www.ina.fr
Le 12 avril, les T-28 et les UH-1 de l'AAK participèrent à la protection de l'opération « Eagle Pull » évacuant le personnel de l'ambassade américaine. Bien qu’il n’y ait plus d’espoir et jusqu'à la fin, les appareils de l'AAK continueront à assurer les missions alors que le terrain de Pochentong est maintenant sous le feu continu de l’artillerie ennemie. Un autre terrain d'atterrissage fut aussi aménagé. Ce même matin, un nouveau gouvernement est formé. Il tente une négociation avec les communistes et le prince Sihanouk. Le pays est dans un état d’incertitude. Il est partagé entre la reddition, la négociation ou la lutte jusqu’à la fin. Le 14 Avril, le jeune pilote Kiev Yoursawath, bombarda le palais du gouvernement occasionnant morts et blessés. Dans
la nuit du 16 au 17 Avril 1975, le LtCol Tan Sam Hong est tué dans un
crash à Kompong Chnang, ce fut un des derniers officiers supérieurs
tombés en mission. Dans la matinée du 17, avant l’aube et en l’absence
de réponse des communistes, le gouvernement décida de résister à partir
d’un autre point du pays. A peine quelques heures après, le Prince
Sihanouk donna sa réponse. Il rejette toute négociation. Ce fut
trop tard pour mettre en œuvre tout plan d’évacuation. L'Etat Major des
Forces Armées gouvernementales donna l'ordre de capitulation générale.
Quelques membres du gouvernement réussirent à s’envoler de justesse en
direction de la Thailande. Le gouvernement s'est rendu aux troupes Khmer
Rouges.
Les commandants d'unités et de bases aériennes doivent agir en leur âme
et conscience. A Phnom-Penh, ordre est donné à l'Etat Major de l'Air d'hisser un
drapeau blanc. Les
officiers furent arrêtés par les KR. Le
17 Avril lorsque
les KR pénétrèrent dans la BA de Pochentong et occupèrent le centre de
contrôle, les derniers T-28 larguèrent leurs bombes sur les bâtiments
de la
base et mirent le cap vers la Thailande. La base tomba le jour suivant. Les avions qui
étaient en
cours
de mission ou qui rentraient de missions de nuit n'ont pas pu atterrir.
Ils sont obligés eux aussi de se diriger vers la Thailande. Dans cet
exode, une centaine d'appareils vont trouver asile en
Thailande. C'est la fin de l'Armée de l'Air Khmère ou la KAF (Khmer Air Force). Une jeune Armée de l'Air qui a dû très rapidement grandir, acquérir expériences et efficacités puis tout aussi rapidement, disparaître. C'est aussi la fin de l'Aviation Khmère. Vingt ans de vocations, d'espoir et de connaissances s'évanouissent. Ceux qui viennent d'obtenir leur
diplôme à l'étranger n'ont pu rentrer. Ceux qui ont survécus, se
retrouvent en exil.
Nous avons perdu la guerre. Le Cambodge a perdu la liberté. Une période terrible s'abattit sur notre pays. * * * * * * * * * * Ces bribes d'histoires sont destinées aux générations futures et à conserver la mémoire des officiers et pilotes, sous-officiers et hommes de troupes, qui ont sacrifié leur vie pour défendre notre Patrie, la Démocratie et la Liberté. Que les absents reposent en paix, leur souvenir restera gravé dans notre mémoire. Comment aurions-nous pu gagner cette guerre, nous, une petite nation, dotée de peu de richesses, avec des armées très mal équipées, alors que la plus grande puissance du monde, avec une armée de l'air la plus puissante et la plus sophistiquée de la planète a échoué au Vietnam. Ce n'est point une consolation mais une triste constatation. Certains
journalistes occidentaux, orientés politiquement à
gauche, se sont permis de déformer les faits et de porter des
jugements de valeur mensongers sur la volonté des Khmers à
assumer leurs responsabilités dans ces combats douloureux. Nous sommes un pion sacrifié sur l'échiquier international. Les communistes ont bénéficié d’un soutien encore plus puissant que les armes, les médias. Ils ont mis en exergue toute erreur, toute bavure de nos troupes. Volontairement ou involontairement, ils ont étouffé tout écho concernant les exactions et la violence des communistes, notamment celles des Khmers Rouges. Certains artistes, certaines chanteuses qui ont soutenu le camp communiste se sont excusés par la suite. Ce fut trop tard. REFLEXION Une
aviation peut réduire le déséquilibre entre une grande et une
petite nation. C'est un élément qui contribue à une relation
de
respect mutuel entre pays voisins. Un élément qui contribue à la
paix. Au sein d'une Nation, une Armée de l'Air ne peut prendre le
pouvoir. Au contraire, elle peut arrêter des débordements de chefs militaires ambitieux. Puisse la jeune
génération reprendre un jour le relais et de nouvelles vocations se
créer.
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